Interview – ATK : « Le seul critère, c’était l’envie »

Un entretien publié en mars 2014 dans le webzine Coup d’Oreille. Si mes souvenirs sont bons, j’avais rencontré les quelques membres du collectif ATK à la sortie d’une répétition en vue d’un de leurs concerts, à la salle Canal 93 de Bobigny. Comme on le constatera, ce sont surtout deux d’entre eux, Cyanure et Axis, qui ont participé à l’entretien. À la fin de celui-ci, Émo­tion Lafolie et M.I.T.C.H. m’avaient interpelé pour que je m’intéresse à leur duo d’alors, Bang Bang, ce qui avait conduit à un autre entretien…


Par­lez d’Heptagone à un ama­teur de rap français, et vous ver­rez ses yeux s’illuminer. Un album fon­da­teur, pour un groupe culte, dont la car­rière a sem­blé trop courte pour beau­coup. Les rappeurs encore présents dans ce col­lec­tif qui a compté jusqu’à 25 mem­bres, Axis, Cya­nure, Fréko Ding et Test, accom­pa­g­nés de temps à autre par Tacteel, Kesdo ou Emo­tion Lafolie, ont récem­ment donné deux con­certs, l’occasion de revenir sur l’histoire du mythique posse ATK.

La créa­tion du col­lec­tif ATK était-​elle préméditée ? Pourquoi ATK, est-​ce un acronyme mul­ti­ple comme le Wu-​Tang ?

Cya­nure : ATK, c’est seule­ment «Avoue que Tu Kiffes». Nous sommes d’une époque où rap et tag étaient sou­vent assim­ilés, et comme les noms des crews de taggeurs étaient sou­vent des ini­tiales… Au départ, nous rap­pi­ons beau­coup avec Axis, Kesdo, et aussi Pit. Nous avons eu un con­cert, où, à la place d’un quart d’heure de pas­sage, nous avons eu une heure de temps. Pour tenir sur la durée, on s’est dit qu’on allait réu­nir tous les mecs qui rap­paient dans le coin, et c’est comme ça qu’on s’est retrou­vés à plus de 20 sur scène. Mais même sans le con­cert, de toute façon, nous nous seri­ons réu­nis. À l’époque, il y avait très peu de gens qui rap­paient, et quand tu ren­con­trais quelqu’un qui fai­sait du rap, tu fai­sais un fea­tur­ing avec lui, ou un con­cert. Tout ceux qui rap­paient ce soir-​là venaient du même quartier, c’était donc logique de se retrou­ver sur scène.

À ce moment là, com­bien de rappeurs compte ATK ?

Cya­nure : Moi, je dirais 25. Fredy, lui, nous éval­u­ait à 21, mais c’est aussi parce qu’il était l’un des plus jeunes de la bande, avec Emo, et du coup il ne con­nais­sait pas tout le monde.

ATK se réu­nis­sait sou­vent, à ce moment-​là ?

Axis : Il faut se remet­tre dans le con­texte : nous avions entre 15 et 18 ans et les inter­ac­tions, elles se fai­saient comme celles de tous les jeunes de notre âge. À la sor­tie des cours, sur le chemin du bahut… Dans le 12e , tu avais PV (Paul Valéry), mais aussi Mau­rice Ravel, Aragon… On fai­sait plus ou moins la sor­tie des lycées, et le week-​end, le ter­rain de basket.

Vous veniez tous du même quartier ?

Axis : On traî­nait au moins tous dans le même coin, qui était la par­tie Est de Paris, tout ce qui était 12e, 18 et 19e. Il y avait aussi des gens qui venaient d’ailleurs, mais qui traî­naient quand même dans ces coins.

Cya­nure et Kesdo, Canal 93, Bobigny

Pour entrer dans le col­lec­tif, il y avait des conditions ?

Axis : Il y avait un délire, au début. On organ­i­sait des répéts, et on dis­ait aux gens qui voulaient faire par­tie d’ATK de ramener 5 francs, quelque chose comme ça, pour par­ticiper au prix du stu­dio. Cha­cun venait avec ses francs, et par­tic­i­pait aux répéts. Mais, finale­ment, on con­nais­sait déjà tous ceux qui venaient.

Cya­nure : Tout le monde rap­pait déjà un peu dans son coin en fait. Il n’y avait pas d’histoire de niveau.

Axis : Le seul critère, c’était l’envie. 5 francs, c’était un bud­get pour beau­coup, mais à part ça, il n’y avait pas de critères autres que l’envie. C’est pour cela qu’on s’est vite retrou­vés à 21, parce qu’on a récupéré tous les gens du quartier qui avaient envie de rapper.

Ces répéti­tions por­taient aussi sur l’écriture, où unique­ment sur le flow ?

Cya­nure : Les textes, on en avait déjà qua­si­ment tous une dizaine de prêts. On se retrou­vait pour répéter, dans les jardins, les salles de répéti­tion, pour les con­certs… Et puis on traî­nait ensem­ble, on se voy­ait même quand il n’y avait rien à faire. On allait en bas de chez Emo, Porte de Mon­tem­poivre. Quand tu arrivais, tu te retrou­vais avec une ving­taine de types, même des mecs qui fai­saient pas par­tie d’ATK, parce qu’on draî­nait pas mal de monde.

Axis : De toute façon, il suff­i­sait de marcher 10 – 15 min­utes, du 12e jusqu’à la petite cein­ture, et tu croi­sais tous les types.

Com­bien de temps a duré cette formation ?

Axis : Une fois que tout le monde a été lancé, cha­cun a eu des aspi­ra­tions dif­férentes, et surtout des affinités dif­férentes avec d’autres gens.

Cya­nure : Sur la ving­taine de per­son­nes que nous rassem­blions, il y avait aussi des degrés d’amitié dif­férents. Axis et moi, nous sommes très potes, et on pou­vait moins con­naître quelqu’un d’autre, mais qui lui-​même con­nais­sait très bien untel. Le soir, des gens avaient des plans soirées, et donc le groupe entier split­tait, mais selon les affinités, on se retrou­vait. On a gardé con­tact entre nous.

Très vite, vous enreg­istrez des freestyles pour Radio FPP, en for­ma­tion élargie ou déjà à 7 ?

Cya­nure : Il y a eu deux enreg­istrements de freestyles, en fait : le pre­mier, un samedi, une ver­sion sur laque­lle même Rohff, Ben et Matt avaient posé. Une ver­sion écourtée a été dif­fusée à la place sur FPP, pour laque­lle nous étions 7 ou 8. Il y avait aussi une autre ver­sion de 12 min­utes, pro­pre, en stu­dio, pour la face B d’un maxi. Sur la face A, il devait y avoir un morceau de la Sec­tion Lyri­cale [Kesdo, Axis, Cya­nure et DJ Tacteel] et un instru. Le maxi n’est jamais sorti, parce qu’il a fallu récupérer les sig­na­tures de cha­cun, et il y avait pas mal de mineurs, encore, dans le groupe.

Axis : Peu d’entre nous dis­aient à leurs par­ents qu’ils fai­saient du rap, c’était très mal vu.

Cya­nure : Après les freestyles, cha­cun a com­mencé à suivre sa pro­pre voie. Pete, Kas­sim, Kamal, et Wat­shos trainaient avec Time­bomb, et se sont rap­prochés d’eux. L.G., mon DJ, a fait des trucs de son côté. Dj Feadz, actuelle­ment chez Ed Banger, aussi, il fai­sait du graphisme en même temps, dessinateur-​illustrateur. Legi, qui rap­pait avec Loko, s’est plus impliqué dans le tag. Matt, a con­tinué en solo. Loko a con­tinué avec Le Bar­il­let, avec Meka, puis après il a créé le label Néochrome. Il y a eu une cer­taine perte de vitesse, bien sûr, quand 2 ou 3 mem­bres se sont éloignés du groupe. Mais c’était aussi inévitable : à plus de vingt, quand on allait de Porte Dorée à Daumes­nil, tu en per­dais la moitié en route. Il y en a qui s’arrêtaient, qui check­aient des potes… Je me sou­viens, Pit, il mar­chait à deux à l’heure…

Et c’est à ce moment-​là que la for­ma­tion à 7 s’est constituée ?

Cya­nure : On aurait pu être huit, parce que Odji Ramirez hési­tait encore, il aurait pu être le troisième gars du Labo. Dans Micro Test, on lui met un petit mot, il y a mar­qué «Zak Man­age­ment» der­rière. En fait, il y a pas mal de groupes qui split­tent : moi, je rap­pais avec Axis et Kesdo, mais Kesdo se barre, Freko rappe avec Watchos mais Watchos se barre, Test rappe déjà avec Freddy, Emo­tion et Sloa… Test reste avec Freddy, Axis et Antilop se con­nais­sent bien, ils rap­pent ensem­ble, et moi je me retrouve avec Freko, parce qu’on s’entendaient bien. Les binômes se sont fait par affinités, on ne s’est pas dit qu’on allait faire un groupe de six per­son­nes avec des binômes, il y avait des car­ac­tères dif­férents, et des styles dif­férents, qui se sont trouvés.

En for­ma­tion réduite, l’idée d’un album est venue rapi­de­ment ?

Cya­nure : Les dif­férentes per­son­nes dans ATK par­taient au fil des mois, et les gens com­men­caient à dire que ATK était mort, et nous nous sommes dits qu’on allait sor­tir un vinyle pour dire rap­peler qu’on était tou­jours là. 

Com­ment se sont déroulés l’enregistrement et la dis­tri­b­u­tion de Micro Test ?

Cya­nure : Le vinyle a été édité par Quartier Est, mais dis­tribué de main à la main. Tous les gens qui ont acheté Micro Test sont des gens qui nous con­nais­sent, et il est passé en dépôt-​vente dans les mag­a­sins parisiens, chez LTD, deux ou trois mag­a­sins spé­cial­isés. Il n’y avait pas de dis­trib­u­teur, pour 314 pres­sages. Il est devenu rare très vite. Pen­dant l’enregistrement, on fai­sait déjà les morceaux en binôme pour les iden­ti­fier. On se croi­sait au stu­dio, qui était une cave à Mont­gal­let. Micro Test est enreg­istré en deux semaines. Seule­ment les mer­credi et les week-​ends, en plus, parce qu’on devait aller au lycée, et il n’y a pas eu de déchets au niveau des morceaux. Enfin… On n’arrêtait pas d’enregistrer des morceaux, en fait. On avait fini Micro Test, mais on enreg­is­trait tou­jours. Axis avait un morceau sur un hold-​up, par exem­ple… On a sim­ple­ment eu dix morceaux sous la main, et on s’est dit qu’on allait les sortir.

Envisagez-​vous une réédi­tion, comme pour Hep­tagone ?

Cya­nure : Micro Test a une portée his­torique, mais il a quand même beau­coup plus mal vieilli qu’Hep­tagone. Les MP3, tu les trou­ves facile­ment, mais le rééditer en vinyle… Et puis, il y a aussi un côté « Tu as fait par­tie des 300 pre­miers qui ont acheté le vinyle »… La valeur qu’il prend est comme un retour sur investisse­ment. 

Com­ment ATK s’est-il retrouvé à enchaîner les mix­tapes ?

Cya­nure : Nous en avons enchaîné pas mal, effec­tive­ment, la Dontcha 3 et la Dontcha 4. Plus tard aussi, la com­pi­la­tion Attaque à mic armé, pour laque­lle il fal­lait trou­ver un par­rain. Un soir, on est venus faire écouter le vinyle Micro Test à Zoxea, et il accepté sans prob­lème de devenir notre par­rain. On venait vers nous, pour les mix­tapes, en fait : à chaque fin de con­cert, un mec nous dis­ait qu’il fai­sait une mix­tape et on y allait, sans se soucier de savoir si il était connu ou pas. Dès qu’on nous pro­po­sait un plan, on le fai­sait. C’était encore assez rare de ren­con­trer d’autres rappeurs. Nous n’étions jamais payés, mais c’est surtout parce que nous n’imaginions pas qu’il y avait de l’argent. Quand on nous invi­tait en con­cert, on était telle­ment con­tents qu’on nous paye un bil­let de train, qu’on ait des Twix et du Coca-​Cola en loges, qu’on ren­con­tre d’autres artistes, qu’on ne cal­cu­lait pas vrai­ment cet aspect-​là.

Com­ment s’est pré­paré Hep­tagone ?

Axis : Après Micro Test, on s’est vrai­ment dits qu’on pré­parait l’album. Et Hep­tagone nous a pris du temps. 3, à 4 ans. 

Cya­nure : L’enregistrement de Hep­tagone s’est fait en deux temps. On n’a jamais fait de maque­tte, il y a eu deux ses­sions : une aux vacances de Pâques, et l’autre aux vacances d’été, il me semble.

Com­ment avez-​vous procédé pour les instrus ?

Axis : Les recherches de sam­ple pour Hep­tagone ont été faites par Tacteel et moi. Lui est hyper funk et soul, moi, plutôt funk, soul, voire même rock. C’est pour ça qu’il y a un sam­ple de Toto, je n’ai pas hésité. Et j’ai décou­vert plein de styles de musique, avec ces recherches. En fait, j’allais récupérer des dis­ques là où je pou­vais, chez des gens, dans des bro­cantes. Il y avait pas mal de stand à l’arrache, les dimanche, où tu pou­vais choper des packs de CD. J’écoutais les albums de long en large, je pre­nais ce qui me plai­sait, et je bal­ançais. Pour « Tricher », par exem­ple, je suis arrivé sur le stand, j’ai pris un pack, suis tombé sur le sam­ple de Bach, et Antilop l’a pris. Pour « J’Fuck », les beats sont sam­plés d’un truc de funk ultra-​classique par exem­ple, Imag­i­na­tion. À l’époque, tout le monde sam­plait du funk ou de la soul, et je l’ai fait aussi. Je n’ai pas ori­enté les instrus : dans tous ceux qui ne sont pas sor­tis, il y a plein de styles dif­férents. Ce sont les autres aussi qui ont eu envie de change­ment. De mon côté, il n’y avait pas de volonté par­ti­c­ulière.

Vous avez com­posé beau­coup d’instrus pen­dant cette péri­ode ?

Axis : Je ne m’arrêtais jamais, j’en fai­sais facile­ment 5 par jour. Je ne les ai plus, parce que c’était du vieux matériel, des dis­quettes. Je ne suis pas beat­maker, mais il nous fal­lait des sons, et, à l’époque, il n’y avait que 5 beat­mak­ers en France. Donc je pres­sais un sam­ple, et je le pro­po­sais. Une fois qu’il était choisi, je le retra­vail­lais, sinon, je lais­sais tomber. Faire un sam­ple et une bat­terie, ce n’est pas bien com­pliqué, et il m’arrivait de faire 15 sons dans la journée.

Ce tra­vail s’effectuait avec Tacteel ?

Axis : Non, cha­cun tra­vail­lait de son côté. Tacteel est très dif­férent de moi, il est DJ, et un vrai beat­maker. Quand il te pro­pose un son, il est ter­miné, et il l’a fait avec une idée der­rière la tête… Je suis plus un beat­maker à la Mobb Deep : eux aussi font des beats pour rap­per dessus, c’est tout. J’avais pas besoin que ce soit magis­tral, j’avais juste besoin de m’y sen­tir bien.

Sur Hep­tagone, les ses­sions d’enregistrements ont laissé plus d’inédits ?

Axis : Je n’ai pas le sou­venir d’un morceau que l’on ait exclus. C’était cher d’enregistrer, on ne pou­vait pas se per­me­t­tre d’abandonner un morceau. On tes­tait tout en con­cert de toute façon, donc on était rodés. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, quand tu peux faire des maque­ttes chez toi. Je pense que c’est pour ça que l’album a une vie par­ti­c­ulière. Il y a peut-​être eu quelques réen­reg­istrements de textes, mais c’est tout.

L’album a une organ­i­sa­tion par­ti­c­ulière, répar­tie entre les dif­férents binômes : tout cela a-​t-​il été pensé dès le départ ?

Axis : Nous étions trois binômes : nous nous sommes dit qu’on allait faire un solo cha­cun, un solo par bînome, et on comble avec des morceaux enreg­istrés tous ensem­ble, ou « divers ». Typ­ique­ment, « Sor­tis de l’ombre », on le fai­sait déjà en con­cert depuis des mois, c’était nor­mal qu’il finisse sur l’album. Pour « Qu’est-ce que tu deviens » aussi. Pour nous, il était plus sim­ple de répéter à deux que tous les sept, les morceaux solo et binôme s’enregistraient plus facile­ment. Nous n’écrivons pas tous à la même vitesse, aussi. Je mets plus de temps à écrire. Test, il arrivait au stu­dio sans texte, et le temps que l’on pose, il pou­vait rap­per le sien, qu’il avait eu le temps d’écrire. Même si je pou­vais l’écrire aussi vite, il me faut du temps pour assim­i­ler un peu le texte, et pou­voir le rapper.

Pouvez-​vous nous par­ler des « affaires » qui ont fait suite à « L’affaire Hot Dog », sur Heptagone ?

Axis : Légadu­labo s’était créé tout un délire autour des détec­tives privés. Et moi, j’aimais bien la série Arabesques, j’ai donc sam­plé la musique que j’aimais beau­coup, aussi.

Cya­nure : Effec­tive­ment, Freko et moi en avons écrit d’autres après : il y en avait une pour la com­pi­la­tion Logilo 5, une affaire où on était sur un lieu de crime, où nous étions morts. Nos corps flot­taient en l’air, et Dégadu­labo cher­chaient des indices, ils étaient tout pétés, et on essaye de les aider. On com­pre­nait qu’on était morts, parce que le bippeur affichait Logilo 5, et là on dis­ait « La mix­tape, elle m’a tué ». On l’a jamais enreg­istré. Freko avait une autre affaire, moi aussi, avec des animaux…

Où Hep­tagone a-​t-​il été enregistré ?

Cya­nure : Au stu­dio Belleville : Axis était ingénieur du son là-​bas, ce qui facil­i­tait les choses. Nous étions alors en licence avec Musisoft, mais nous avons repris la main ensuite, Fredy K tenait beau­coup à l’indépendance. Et il est vrai que n’avions pas non plus des quan­tités astronomiques à produire.

Axis, où aviez-​vous appris la pro­duc­tion ?

Axis : Sur le tas, avec l’enregistrement du maxi, sur du matos plutôt moyen, une table de mix­age… Quand on est ren­tré en stu­dio pour Hep­tagone, j’étais ingénieur du son là-​bas depuis 4 ans. La Fonky Fam­ily, toutes les com­pils Sec­tion Est, pas mal de com­pi­la­tions ont été enreg­istrées là-​bas. Ce qui fut com­pliqué, c’est que j’ai été formé sur des ban­des, et il a fallu se reformer ensuite pour ProTools.

Et pourquoi pro­poser une ver­sion rééditée de Hep­tagone ?

Cya­nure : Fredy l’a géré en 2006, et Musi­cast l’a dis­tribué en 2012, une réédi­tion avec trois morceaux inédits. Il y a quelques vinyles du mois d’août 2012 sur lequel la date indiquée est 2005 ou 2006, parce qu’ils ont util­isé le mas­ter d’Hep­tagone qui date de 2006.

En 2006, Fredy K avait donc déjà monté la struc­ture Oxygène ?

Cya­nure : Il a com­mencé avec le mag­a­sin, qui s’appelait Oxygène aussi, et a ensuite sorti dif­férentes com­pi­la­tions Oxygène. Le stu­dio s’est fait pro­gres­sive­ment, autour de 2003 – 2004. Pour les com­pi­la­tions, il trou­vait qu’on avait fait beau­coup de choses, mais qu’on ne pou­vait pas les trou­ver facile­ment. Il a récupéré les DAT, et les a com­pilé avec DJ Bat­tle. Sur la trois avec la pochette noire et le logo rouge, qui est com­plète­ment inédite, nous avions enreg­istré chez DJ Faber. Le disque dur de Faber a planté une nuit, au cours d’un orage, et nous avons donc tout réen­reg­istré en un jour. On se voy­ait encore beau­coup à l’époque, il était donc assez sim­ple d’enregistrer depuis chez soi, on com­bi­nait sur place avant d’écrire le refrain ensemble.

Où se situ­ait le stu­dio ? Il était réservé pour ATK ?

Cya­nure : Non, beau­coup de gens y ont défilé, et Fredy a notam­ment pro­duit le pre­mier mini EP de Maître Gims, Oxmo y est venu, Raek­won était passé lui aussi… Le stu­dio n’était pas cher, et beau­coup de gens y ont défilé. Il était ingé son là-​bas, avec Kesdo. Le stu­dio était au 19, rue du Départe­ment, la bou­tique rue d’Aubervilliers.

Vient finale­ment Silence Radio, le troisième album d’ATK…

Cya­nure : Fredy avait envie de faire un album ATK avant un sec­ond album solo. On venait quand il n’y avait per­sonne au stu­dio, on était là ou pas tous là, on fai­sait de petites com­bi­naisons pour cer­tains morceaux. De mon côté, je lui ai donné « 150 mots » et « Ils versent un sourire pour mes larmes », pour qu’il les ait sur Silence Radio. L’album est ensuite sorti de manière un peu cat­a­strophique, on ne voulait pas qu’il sorte comme ça. On voulait refaire le mix, reposer les voix sur cer­tains morceaux. Mais Fredy nous a expliqué qu’il ne pou­vait pas avancer sans sor­tir le disque. D’un point de vue artis­tique, on aurait pu faire bcp mieux, mais on regrette rien aujourd’hui.

2007 est mar­qué par le décès de Fredy K, et l’enregistrement de l’album F.K. Pour Toi, com­ment s’est-il organisé ?

Cya­nure : Kesdo m’avait appris le décès de Fredy dans la semaine, et nous nous sommes retrou­vés le samedi au stu­dio. Nous avons sorti plein de vinyles dans la cour, on regar­dait un peu les objets de Fredy. On a pensé à un morceau hom­mage avec plus de 20 rappeurs de ATK, qu’on bal­ancerait 10 jours plus tard à la radio. Je n’ai passé aucun coup de fil, mais le lende­main, il y avait trop de monde au stu­dio. Plutôt que d’enregistrer un morceau ATK, on a fait l’album en deux ou trois semaines, avec tout le monde. Il s’est fait très spon­tané­ment, sans cast­ing, tous ceux qui appa­rais­sent avaient une his­toire avec Fredy : Daddy Lord, Kohndo, Mokobé…

Actuelle­ment, quels sont les pro­jets pour ATK ?

Cyanure : Il y a eu un con­cert à l’International au mois de novem­bre pour le maxi d’Axis, et le con­cert de Bobigny ensuite, un peu pro­grammé à la dernière minute. Glob­ale­ment, nous avons pas mal de propo­si­tions, mais nous ne sommes pas tous disponibles pour y répon­dre. Si tout le groupe était réuni, on pour­rait ten­ter la tournée, mais nous n’avons pas envie d’utiliser le nom ATK lorsque nous ne sommes pas au com­plet. Con­cer­nant les morceaux, nous en avons un sur le pro­jet de Chrone, avec Future Proche, Tupan… Et Kesdo fait un nou­veau pro­jet Oxygène, avec un titre de ATK. Pour un album, c’est plus com­pliqué, à présent. Avant, on traî­nait ensem­ble, c’était sim­ple d’avoir des his­toires en com­mun, et un con­texte où faire de la musique. Nous sommes tou­jours en con­tact, bien sûr, mais ce n’est plus pareil.

Axis pré­pare un album, dont le pre­mier maxi, « Avoue que tu kif », sera bien­tôt diffusé.

Test a fondé Noir Fluo avec Émo­tion Lafolie, avec Waslo Dil­leggi et Riski Metek­son, et pré­pare son album solo.

Freko tra­vaille égale­ment sur un album solo, tout comme Antilop Sa.

Cya­nure est égale­ment penché sur son album solo, avec Axis et Grav­ité Zéro (James Del­leck, Le Jouage) à la prod.

Bonus : Peu après nos entre­tiens, nous avons pu croiser Émo­tion Lafolie et M.I.T.C.H., désor­mais impliqués dans Bang Bang. On vous en reparle très vite…

Émo­tion Lafolie, M.I.T.C.H. sont Bang Bang

M.I.T.C.H. : J’étais là à la créa­tion d’ATK, j’étais à Paul Valéry et je con­nais­sais Cya­nure et Kesdo, son frère avait un groupe avec un de mes meilleurs potes, Dusty Cor­leone. C’est là aussi que j’ai ren­con­tré Feadz, on était tou­jours un peu dans l’entourage, même si je ne traî­nais pas encore avec Émo­tion Lafolie. J’avais un groupe à l’époque, mais j’ai rapi­de­ment inté­gré Dig­ithugz, avec DJ Shone et DJ Soper, un des précurseurs de la jun­gle, de la drum’n’bass en France. Quand on était au lycée, il avait déjà son label.

Émo­tion Lafolie : On a fait un freestyle à 21, le fameux freestyle « Avoues que tu kiffes » qui a fini en freestyle de 6 min­utes. Entre-​temps, j’ai démé­nagé aux États-​Unis, et Metek m’a ramené ce freestyle en 1998, en me dis­ant : « C’est incroy­able, c’est toi le meilleur dessus ! » Déjà à l’époque, je fai­sais mon rap, et ATK fai­sait le sien. J’avais créé un groupe avec d’autres potes, on a fait quelques con­certs et radios, mais rien d’exceptionnel non plus. Après ATK, je suis allé chez les Maquis­ards, je for­mais un binôme appelé Agents Secrets.

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